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la vie d'un burner out
26 juillet 2016

le 19 juin 2016

J'ai pris mon après-midi. Je n'aurais jamais dû......

Je crois que le déclic a été le jeudi où je suis allé sur la Rochelle fin mai. J'ai eu une sensation de vide en revenant. Le lendemain au boulot, je n'étais pas bien. Tout et tout le monde me gonflait et je crois que je suis parti dans la spirale du  "le monde me fait chier".

Boule au ventre, sommeil très léger, l'impression de m'éteindre de plus en plus. J'avais envie de me retrouver seul à la maison, avec ma petite famille. Mais avant le déclic, il y a eu des appels maintenant que je prends le temps d'y réfléchir. Le monde en général m'ennuyait, j'ai engueulé une dame de l'école car le car venait de partir sans notre petit voisin que j'accompagne tous les matins. Je me suis excusé bien sur, mais ce nétait pas moi. Le ton sec, crier sur notre fils. Bien sur la vie associative, ou j'étais impliqué à 100% voire plus. C'est sûr, c'est du bénévolat et il faut s'impliquer dans la vie d'une association. Il ne suffit pas d'être présent. C'est aussi un travail, une passion à part entière.

le plus important dans ma descente dans le vide est le boulot. Depuis le début de l'année 2016, il y a eu le stress des résidents, des familles, des collègues pour le avant-déménagement (je suis animateur en ehpad). Une ou deux réunions ont eu lieu sur les 3 mois d'avant pour les familles !! trop peu. Plein de questions arrivaient tous les jours des résidents, des familles, des collègues qui étaient pour ou contre d'ailleurs, mais les questions étaient là... je leur répondais ce que je pouvais ; mais pour le reste pas de réponses particulièrement. Cela me stressait de les laisser dans l'expectative. Quelle chambre ? à côté de qui ? le téléphone ? la télévision ? les résidents sont quand même là en fin de vie et ont le droit à l'information. 

Tout ça m'agaçait et m'énervait de plus en plus. Je le sentais d'ailleurs car je parlais sèchement avec certains résidents. Ce qui n'était pas moi. Et à côté de ça, mémoire - ateliers - sorties - courses - chorale - rencontre.... et toujours sans équipe d'animation avec laquelle j'aurais pu échanger sur tout cela et surtout nous organiser. Heureusement, avec quelques collègues nous nous entraidions, à notre niveau bien sur. l'équipe d'animation, j'ai toujours eu une fin de non recevoir pour la mettre en place. Mon avant-dernière tentative de réunion s'est transformée en réunion d'organisation de travail dans les nouveaux quartiers de l'ehpad. D'ailleurs, lorsque j'ai demandé à y participer, la Direction m'a dit que ce n'était pas la peine. La dernière tentative allait être bonne car, à l'ordre du jour, un sujet important pour la Direction. Cependant, la semaine d'avant patatras, le vide complet. Tout ça se rajoutait jour après jour dans la "bouteille déjà très pleine". C'est quoi un animateur en ehpad ? pas ce que je fais actuellement assurément. Le déménagement, éprouvant pour tout le monde, bien sûr. Et le après, peu de personnels pour les résidents dans les quartiers. Les résidents d'un quartier se sentaient complètement abandonnés. Et ça, c'est moi qui me le suis pris en pleine poire. Auparavant, le personnel avait le temps parfois de faire des ateliers. Mais maintenant en nombre très limité, même pas le temps de leur proposer quoi que ce soit. Même pas le temps d'accompagner les résidents pour les animations. Le mieux serait que les résidents puissent bénéficier d'ateliers dans leur quartier avec du personnel dédié à cet effet. Car même le personnel qui aimait faire des ateliers était et est toujours complètement frustré. Alors que dire de moi ! j'étais déjà frustré de l'ancien établissement car je ne pouvais pas proposer des ateliers à tous les résidents. Et là, dans le nouvel ehpad encore moins. je passais plus de temps à aller chercher les résidents partout (le maximum est 15 kms à pied dans une journée) qu'à faire les animations. Bien sur, il y a les bénévoles, les familles ; mais elles ne peuvent pas toujours intervenir et elles ont aussi leur rôle de "parent" à gérer !!! ce qui n'est pas toujours facile aussi. 

Au fil des ateliers et des journées, je m'épuisais à aller chercher le maximum de résidents pour qu'ils puissent sortir de leur quartier et discuter au moins avec d'autres résidents. Je le sentais que cela m'épuisait. Et que faire de ceux que je ne pouvais pas accompagner ? l'animation et le bien être est pour tous. J'en avais marre !!!! et les à côtés, les soucis d'horaires de toilettes, les plans de table qui changent tous les jours, des horaires pour manger tardifs, du personnel pas forcément conciliant, des résidents encore plus en demande et moi je m'épuisais à aller chercher tout le monde comme un con. Et on me demandait d'accompagner pour faire des courses à pied, aller au laboratoire, la pharmacie, quand on me demandait d'aider à accompagner des résidents en salle à manger, je disais oui. J'ai même commencé à aider à faire manger dans un quartier...; j'ai arrêté aussitôt. Déjà que je mange en 1/4 d'heure S'occuper de la musique d'ambiance, trop fort - pas assez fort - trop lent - trop rapide. Ecouter le stress du personnel. Tout ça, c'était lourd à porter. Je n'avais plus envie de parler avec les résidents, car je savais qu'ils étaient en demande perpétuelle. Avant de faire mon burn out, je n'avais plus envie de faire des ateliers. D'ailleurs pourquoi faire des ateliers ? il en faudrait dans chaque quartier et heureusement qu'il y a le PASA, l'accueil de jour, le kiné et l'ergo. Mais pourquoi proposer des animations car c'est surtout les mêmes qui en profitent. Nous nous retrouvions à avoir les mêmes résidents aux ateliers. Et que faire des autres ? Ils savent que c'est leur dernière demeure. Et là, je pense qu'ils attendent encore plus vite la mort. 

Dimanche 18h. J'ai envie de voir personne à part ma chérie et mon petit que j'aime. Le grand aussi bien sûr ; même si en ce moment il est plutôt chiant. J'ai pas envie de parler, j'ai pas envie de sortir faire les courses. J'ai envie d'être à la maison, car de toute façon pour le moment, aucune solution ira dans le bon sens au boulot. J'en suis désolé énormément et de plus en plus car j'ai l'impression d'abandonner les résidents. Je sais que ça ne sert à rien d'y aller maintenant car je ne pourrais pas gérer leur stress habituel et je ne serais pas un travailleur efficace. J'ai pas envie de répondre au téléphone, aux sms. Les amis le comprendront et, heureusement, j'ai ma chérie. Je l'aime plus que tout au monde et c'est ça le plus important. Le monde, mon travail peut tourner sans moi (comme a dit le docteur) et ça, il faut que je l'accepte aussi. J'aime gérer mes activités et là j'avais énormément de mal à gérer mes ateliers de A à Z car je passais plus de temps à discuter avec les résidents et à les amener et à les raccompagner. Il y a plein de belles choses à mettre en place avec les collègues, les familles, les bénévoles. Je crois que la considération pour tout ce monde et pour les résidents est primordiale. Il faut une directrice certes ; mais pourquoi pas un adjoint et à eux 2, ils pourraient se répartir les tâches (administration et présence auprès des résidents - personnels - familles et bénévoles). 

Mais là tout de suite maintenant, j'en ai plus envie. Il faut déjà que je me retrouve, que je sois bien dans ma tête et après je pourrais voir pour le boulot. Car là tout de suite maintenant, je ne sais pas à quoi je sers au boulot et des fois je me demande si les résidents ne devraient pas retourner chez eux. Je ne pense pas que cela inquiète énormément la Direction ; ou alors je ne le vois pas. Les soins, les soins, les soins, mais de quelle qualité ? je pense que toutes les catégories de travail de l'ehpad peuvent travailler ensemble ; mais il faut que cette volonté soit impulsée. Est-ce qu'il y a l'envie ? ça me gonfle, ça m'agace. C'est une socièté de merde ou l'administratif, les soins priment sur le social, l'humain et le bien être des résidents. Où sont sur le terrain les formations sur le bien être. La théorie, oui ; mais c'est tout. Mais qui se bougera le cul pour se battre auprès de nos instances de l'ARS (Agence Régionale de Santé). La santé, ce n'est pas que les soins. Il faudrait peut être rajouter deux lettres à cette agence.

ARSBE (Agence Régionale de la Santé et du Bien Etre). Cela me gonfle. Il faut que j'arrête de me prendre la tête pour le boulot et il faut que je pense à moi et à ma petite famille. A moi pour me reconstruire ; mais là est toute la difficulté. Vivre notre vie de famille tranquille, ne pas faire ce que je n'ai pas envie de faire. Savoir dire non (ça, c'est depuis le début de ma vie ou je ne sais pas dire non). Faire ce que j'ai envie. 

Je crois que je dois mettre de côté le travail, les enfants, et rentrer à la maison avec l'envie d'être chez moi, chez nous, et laisser le stress du boulot au boulot. De toute façon, pour le moment, il m'est difficile de m'imaginer y retourner dans ces conditions. 

Pourquoi les gens me gonflent ? au boulot je donne, je donne, j'écoute, je fais pour les autres mais moi qui m'écoute, qui prend en compte mes considérations ? après....est-ce que je dis ce que je veux, ce que je pense ? non, sûrement dû à mon manque de confiance, que ce soit à la maison ou au boulot d'ailleurs. Comment je peux aider les résidents ou qui que ce soit si je ne sais pas qui je suis. Qu'est-ce que je cherche au juste ? pourquoi ce manque de confiance ? j'ai peur de ce que pourra penser les autres par rapport à mes idées. Pourtant, je trouvais que cela s'améliorait et patatras, le déménagement, les doutes, mon rôle de père remis en question avec un ado à la maison. Il me rejette continuellement la pierre et me critique tout le temps en m'accusant de mentir sur tout. Ainsi sa mère se retrouve en porte à faux et cela n'aide pas notre vie de couple, qui est déjà mise en péril avec le boulot. La solution, et je pense que nous l'avons trouvée, est d'installer notre ado (comme c'était prévu) plus au premier plan comme nous l'avons toujours fait mais de le mettre en second plan. 

Donner mon avis n'est pas chose aisée et je trouvais aussi que c'était mieux. Il ya des beaux-parleurs, des gens qui aiment bien piquer les idées des autres (au boulot) mais c'est la vie et le but est d'avancer positivement. Je ne suis pas parfait, il faut accepter que les autres ne le soient pas non plus et je dois les accepter comme ils sont. Toutes les vérités sont bonnes à dire, après il faut que je sache me protéger personnellement au niveau du boulot et faire avec les gens. Lorsque je reviendrais, je sais que la critique sera facile mais il faudra que je fasse avec. Ce n'est pas chose aisée avec mon manque de confiance. Comment faire pour retrouver ma confiance ? à la maison comme au boulot d'ailleurs. Je ne suis pas Robert Redford, je ne suis pas une bête de sexe. Est-ce que cela suffit à ma chérie pour m'aimer ? Ce qui me fait douter encore plus c'est lorsque nous ne sommes pas d'accord sur les enfants et ayant peur de blesser ma chérie, ce qui est complètement idiot, je n'ose pas argumenter mes choix. C'est con, c'est comme ça !! comment retrouver cette confiance ? yoga, méditation, ou tout simplement parler ou alors écrire. En tout cas, j'ai appris au fil des années qu'il ne faut pas se laisser bouffer par les enfants et qu'il faut que nous pensions à nous. Ma chérie l'a compris aussi avec les week-ends en amoureux. C'est le pied !! pour le boulot, c'est pareil il faut que prenne confiance en moi et que je sache dire non. Je ne peux pas aider tout le monde car moi, je me débrouille tout seul avec mes animations. C'est d'ailleurs pour ça que je n'en avais plus envie. 

Comment retrouver ma confiance ? 

Les remarques des gens me font chier, les critiques par rapport au boulot sont gonflantes et ces gens-là se trompent d'interlocuteurs. Je redis souvent la même chose aux résidents, aux familles. Bientôt, ça ira mieux. Bientôt ; mais quand ? et là je ne suis pas là  ; mais je ne suis pas en capacité de les entendre actuellement. Cela me rend triste pour certains, mais le monde tourne aussi sans moi. Je dois faire une pause. Je dois retrouver ma confiance, pour avoir une place dans ce monde. Ma place. 

La confiance : ce manque de confiance m'a toujours mis à l'écart. Au collège, au lycée, j'avais dû mal à m'accepter. Il y avait toujours des gens pour critiquer mes lunettes, mon look "intellectuel" alors que je ne l'étais pas. J'ai souvent été seul, j'avais dû mal à m'intégrer dans des groupes. Même en BTS, ce manque de confiance était là et me laissait à l'écart. 

Ce manque de confiance, je l'ai dissimulé en allant aider les autres (bénévoles, accordéoniste, animateur). En m'obligeant à faire des choses pour les autres cela me permettait de penser que j'étais utile et surtout de trouver une certaine confiance. J'étais sûrement utile, je pense avoir fait de bonnes choses. Mais maintenant, être bénévole dans une socièté ou chacun pense à soi en premier ; ce n'est pas du bénévolat.

Pour le boulot, je ne peux pas mettre en place de projet global d'animation. Réunion pour un projet d'animation pas fini et qui verra le jour ????? actuellement j'en doute. Alors à quoi bon aider les gens, parler aux gens si c'est pour toujours tomber dans une voie sans issue ?? "toujours avenant, toujours avec le sourire" mais moi qui m'écoute, qui me sourit, qui se met à ma place de temps en temps au lieu de répéter les sempiternelles "il fait du bon travail et il sait être à l'écoute des résidents". Il faut que j'aille mieux et si je reviens à l'ehpad, cela sera différemment c'est sûr, avec des modifications au niveau de mon poste. Je dois arrêter de faire plaisir aux gens et faire mon boulot. Certaines personnes, aussi sympas qu'elles sont, sont les premières à piquer les idées des autres et à se mettre à l'honneur. Il ne faut pas être pareil c'est sûr mais travailles en équipe et donner mon avis, mes idées et surtout que les choses avancent. Sinon, ce n'est pas la peine.

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la vie d'un burner out
  • Un burn out n'arrive pas comme ça. Le nombre d'alertes que j'ai eu avant mon épuisement professionnel est impressionnant. Je ne l'ai pas vu venir (mal au ventre, fatigué, anxieux, irrité, alcool et manger plus). Voici ma vie de burner out.
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